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LE MARÉCHAL DE MONTLUC.

Il ne tint pas aux efforts réunis de François de Guise et de Montluc, dont la vaillance aventureuse secondait si bien le courage calme de son chef, que la campagne du Nord, glorieusement terminée, ne fût le salut de la France. Malheureusement, dans cette époque funeste de notre histoire, si Guise triomphait avec Montluc, le maréchal de Thermes essuyait presque au même moment la défaite de Gravelines, qui rendait aux Espagnols l’ascendant obtenu à Saint-Quentin. Abattu par ces coups redoublés de la fortune, Henri II ne sut pas assez, comme son père, s’exposer à tout perdre, fors l’honneur. Il souscrivit aux conditions onéreuses de la paix de Cateau-Cambrésis, que les peuples ont caractérisée par un terme éloquemment expressif en l’appelant la paix malheureuse (1559) : Montluc, en bon Français, l’a déplorée le premier, comme s’étant faite a au grand malheur du roi principalement et de tout son royaume ; car elle fut cause de la reddition de toutes les conquêtes qu’avaient faites les rois François et Henri, qui n’étaient pas si petites qu’on ne les estimât autant que la tierce partie du royaume de France. »

Les Français, après tant d’épreuves dont le fruit avortait tristement pour eux, furent donc loin de la saluer de leurs acclamations joyeuses. Le prix des combats échappait ; et d’ailleurs au milieu de tant de capitaines et de soldats nourris dans la guerre, quelle paix pouvait-on attendre ? Pour qui détachait ses regards du présent et les portait dans l’avenir, cet avenir était sombre. Ne devait-on pas craindre que