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LOUISE LABÉ.

comme Ronsard définissait si bien les livres. Et ce n’était pas la seule compagnie qu’elle avait rassemblée autour d’elle. Jeune et belle, entourée d’adorateurs, ses chants ont fait croire à plusieurs de ses biographes qu’elle n’avait pas été insensible à leurs séductions. On la prendrait, il est vrai, pour une autre Léontium ou plutôt pour la Ninon de son siècle, à la juger par ses propres vers, qui l’ont fait surnommer « la nymphe ardente du Rhône[1] ; » mais il ne faudrait point trop entendre à la lettre ces hyperboles poétiques ; et, pour avoir eu une vingtaine d’années de plus qu’elle, il ne semble pas que son mari ait été peu assorti à ses goûts ni à son humeur. C’est ce mari qu’Olivier de Magny a félicité dans l’une de ses pièces : Ô toi, lui disait-il,

Ô combien je t’estime heureux,
............
Qui vois l’or de sa blonde tresse
Et les attraits délicieux
Qu’Amour décoche de ses yeux.

Sur un point si délicat, il serait imprudent d’être affirmatif. Disons seulement que Guillaume Colletet, dans son Histoire des poëtes français, nous paraît avoir été bien rigoureux quand, adoptant à son sujet une tradition très-contestable, il nous la représente « comme ayant rendu sa muse esclave de ses passions, » et qu’il prétend que les œuvres qui font admirer la délicatesse de son esprit prouvent assez les écarts de sa conduite. Colletet avait-il donc oublié qu’au seizième siècle les

  1. Expression de madame Desbordus-Valmore.