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LE MARÉCHAL DE MONTLUC.

le duc de Guise, rappelé de l’Italie pour le salut du royaume, ne voulut pas la quitter sans avoir une entrevue avec Montluc, qu’il chargea de garder seul ce que nous possédions encore en Toscane. Au lieu de demander de l’argent et des hommes, dont il avait grand besoin, Montluc aima mieux se borner à ses faibles ressources que de diminuer en rien celles qui étaient nécessaires pour sauver notre pays. Il supplia seulement le duc de Guise de le faire rappeler aussi pour aider à la défense commune. Peu après il fut relevé de son commandement, mais ce fut pour porter ses conseils et ses secours au duc de Ferrare. Quoique fort malade encore, il alla garder pour ce prince Verceil, que menaçait un ennemi redoutable ; et, avec son bonheur habituel, il réussit à conserver cette ville au duc de Ferrare, bien qu’elle fût dénuée de toutes ressources : la présence redoutée de Montluc suffit pour éloigner les assaillants.

La situation de nos affaires s’aggravant de plus en plus fit bientôt réaliser les vœux de Montluc. Mandé par Henri II et reçu par lui comme au retour de Sienne, il fut envoyé auprès du duc de Guise, à Metz, pour commander l’infanterie, en qualité de colonel, sous ce chef dont il a fait un bel éloge. C’était lors du siège de Thionville, auquel il eut la part la plus efficace (1558), mais où il eut aussi la douleur de voir périr un des hommes qu’il estimait et aimait le plus, et qui le payait bien de retour, le maréchal de Strozzi[1].

  1. C’était, a-t-il dit en le regrettant avec émotion, « le meilleur ami qu’il eût en ce monde. »