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LE MARÉCHAL DE MONTLUC.

vité inquiètes. De part et d’autre en Italie les moyens d’exécution étaient faibles, les troupes fort peu nombreuses ; ce qui donnait aux ressources propres des chefs plus de saillie et de carrière. Leur action sur le soldat était plus directe et plus absolue, surtout lorsque ainsi que Montluc ils vivaient avec lui et comme lui, partageaient, on l’a dit, tous ses périls, veillaient sur tous ses besoins et s’assuraient, en se l’attachant par tous les liens possibles, son affection la plus étroite, son dévouement le plus absolu. Ainsi s’est-il flatté d’être parvenu à « faire faire aux soldats ce que par aventure homme ne leur a fait faire jamais. »

On s’explique du reste qu’obtenus par de telles ressources les résultats en général ne fussent pas en rapport avec leur éclat apparent. Tout se faisait sur une petite échelle et changeait aisément de face ; les avantages, tout partiels, n’avaient rien de définitif. Tel est à peu près en résumé, dans cette période, l’histoire de nos guerres en Italie, où tant d’héroïsme se dépensait sans presque aucun fruit pour le pays. Montluc se distingua beaucoup, mais il n’avait ni assez d’argent ni assez d’hommes à sa disposition pour s’établir d’une manière solide. Et le moment était proche où la nécessité même de défendre notre propre sol allait nous forcer d’abandonner ces éphémères conquêtes.

Quand la perte de la bataille de Saint-Quentin (1557) eut mis en effet dans le plus grand péril la France, « qui eût été perdue si Dieu n’avait ôté par miracle l’entendement au roi d’Espagne et au duc de Savoie, »