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LE MARÉCHAL DE MONTLUC.

l’ennemi que, pour avoir vu sa femme, il n’avait rien oublié de ce qu’il soulait faire. » En outre, au siège de Vulpian (1555), il fit preuve des qualités d’un excellent officier de génie, fort habile à choisir pour l’artillerie le meilleur emplacement possible et le côté faible des places ; n’épargnant nullement sa personne pour aller s’en assurer par lui-même, et d’une expérience aussi consommée que son courage était intrépide.

De ce théâtre il ne tarda pas à passer sur un autre, d’ailleurs tout voisin, et cela encore par ordre de Henri II, qui prouvait assez en l’employant à tout moment qu’il eût voulu avoir beaucoup de chefs comme lui. C’étaient les Siennois qui, ne pouvant s’habituer à voir leur ville au pouvoir de l’ennemi, invoquaient de nouveau Montluc comme un sauveur. Il fut donc envoyé pour les secourir avec le titre de lieutenant du roi. Et dans ce but il fallait, en portant la guerre sur différents points, inquiéter l’ennemi, diviser ses forces, le fatiguer et l’affaiblir en détail. Au siège de Piance, Montluc conduisit l’escalade avec tant de vigueur, marchant à la tête de ses soldats, qui avaient été repoussés trois fois, que tous, Français et Italiens indifféremment, ne craignaient pas de déclarer « qu’il avait pris lui seul la ville. » Ce brillant exploit mit le comble à la réputation de Montluc en Italie. Il continua à y faire cette petite guerre de partisan, mêlée de marches et contre-marches, d’attaques et de retraites, d’assauts et de défenses de places, d’escarmouches et de surprises, à laquelle il était merveilleusement propre par son rare coup d’œil, sa prévoyance et son acti-