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LE MARÉCHAL DE MONTLUC.

son état de maladie. Mais que ne peut-on attendre de la passion dans ces natures d’élite ? Elle est la flamme qui soutient et ranime les restes d’une vie qui s’éteint. Montluc, qui vit si souvent les approches de la mort, y devait encore échapper pour longtemps. En premier lieu le roi lui conféra l’ordre de Saint-Michel, « chose en ce temps-là si digne et si recherchée… et non profanée, ajoute-t-il, comme à présent. » D’autres faveurs plus solides furent jointes à cette distinction honorifique. Et là-dessus il faut rendre hommage à la vive reconnaissance de Montluc, qui, « depuis la mort de ce bon prince son maître, eût souhaité la sienne cent fois, vu les grandes traverses qu’on lui a données. »

Ces preuves de la munificence de Henri II étaient d’abord « trois mille livres de pension, prises à l’épargne (ce qui était considérable pour l’époque) ; en outre trois mille livres de rente sur son domaine, où la comté de Guare, où j’ai partie de mon bien, dit Montluc, était comprise. » Il est vrai qu’à cette époque les dons de nos rois, et des Valois en particulier, étaient plus splendides que durables. Montluc ne jouit que deux ans de la comté, et encore d’une manière incomplète. Ajoutez à ces dons dix mille écus d’argent comptant. Et Henri ayant voulu que Montluc lui témoignât encore quelque autre désir, il demanda et obtint deux places de conseiller au parlement de Toulouse, « pour aider à payer le mariage de sa fille. » C’est qu’alors, suivant une remarque qui témoigne de l’ardeur du temps à poursuivre les charges de judicature, « on retirait de là argent plutôt que de toute autre chose. » Enfin il lui