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LOUISE LABÉ.

signé par le nom d’une rue voisine de la place Bellecour[1]. Elle possédait de plus, dans les faubourgs, des jardins qui s’étendaient non loin du confluent du Rhône et de la Saône, à peu près vers l’endroit où J. J. Rousseau devait passer à la belle étoile cette nuit délicieuse qu’il a racontée dans ses Confessions ; la situation en est marquée par ces vers :

Un peu plus haut que la plaine
Où le Rhône impétueux
Embrasse la Saône humaine[2]
De ses grands bras tortueux,
De la mignonne pucelle
Le plaisant jardin était
D’une grâce et façon telle
Que tout autre surmontait.


Et le poëte, qui venait de le parcourir, continuant sur ce ton, décrivait avec une grande richesse de détails les treilles, les bosquets, les pelouses et les fontaines qui embellissaient ce séjour, sans oublier les oiseaux qui l’animaient de leurs chants. Les recherches de l’art s’y joignaient aux beautés de la nature. En outre Louise, dans une bibliothèque remarquable par la variété et le choix, avait réuni en grand nombre

Ces bons hôtes muets qui ne gênent jamais,

  1. Au reste la rue de la Belle Cordière (il y a aussi un passage de ce nom) va bientôt disparaître par suite des travaux entrepris à Lyon. Mais le souvenir de cette femme illustre ne périra point dans cette ville. Le conseil municipal a fait placer récemment son buste en marbre dans l’une des salles du musée.
  2. Lentus Arar, disaient les anciens en parlant de cette rivière. Son humanité désigne donc ici la douceur, la lenteur de son cours.