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LE MARÉCHAL DE MONTLUC.

nombre d’hommes de guerre, et que ce n’était plus la race des César, Caton, Scipion et autres. »

Le rôle de Montluc consistait à les défendre. Ce fut ainsi qu’il défendit Casale en 1552. Il montra de plus, deux ans après, qu’un chef tel que lui pouvait, avec des soldats quels qu’ils fussent, accomplir de véritables prodiges.

On ne craindra pas de donner ce nom à l’héroïque défense de Sienne ; et si l’on a pu dire de nos jours que cette défense avait été pour lui ce que fut pour Masséna la défense de Gênes, on ajoutera justement que cet exploit n’honore pas seulement la vie de Montluc, mais la France et le seizième siècle lui-même.

On ne saurait donc nous blâmer de nous arrêter avec quelque complaisance sur ce moment héroïque de l’existence de notre héros[1].

Le début du règne de Henri II, nul ne l’ignore, lit naître des espérances que la suite et la fin surtout, nous aurons l’occasion de le voir, ne devaient pas réaliser. Nos armées reprirent de plusieurs côtés l’ascendant qui leur était échappé ; en Piémont, notamment, le maréchal de Brissac faisait la guerre avec succès, lorsque la ville de Sienne, en Toscane, chassa les Espagnols qui l’occupaient et sollicita l’appui des Français pour conserver son indépendance.

Le maréchal de Strozzi, homme de guerre admiré de Montaigne[2], fut chargé de protéger les Siennois ;

  1. La défense de Sienne est racontée en détail dans le IIIe livre des Commentaires.
  2. Essais, II, 17.