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LE MARÉCHAL DE MONTLUC.

à une indiscrète rigueur, il prêcha d’exemple en maniant le premier la pioche et la pelle. Ce fut à qui l’imiterait, et, chacun de ses hommes rivalisant d’ardeur, un mur d’enceinte s’éleva comme par enchantement autour de la ville assiégée.

Ici se révèle un côté de notre héros, que nous voudrions avoir le droit de mettre davantage en relief. Mais à ce moment de sa carrière il ne nous est pas interdit du moins de le toucher en passant. Vif et colère, comme il l’avoue, « car il ne fallait guère le piquer pour le faire partir de la main, » il n’était pas incapable de bonté pour les derniers de ses compagnons d’armes, il ne croyait pas s’abaisser en descendant jusqu’à eux. Il s’est rendu ce témoignage d’avoir « maintes fois, étant capitaine, donné ses armes et ses habits pour quelqu’un qui en avait besoin ; sa bourse non plus n’était pas serrée à la nécessité des compagnons. » Aussi, malgré ses rigueurs, si on l’en croit, jamais homme ne fut plus aimé que lui : « On portait ses imperfections, sachant bien qu’il ne faisait rien de malice. » Nous voudrions qu’il nous fût permis sur ce point de ne pas nous séparer de lui.

Mais, grâce à Dieu, nous ne sommes pas encore arrivés au moment où, pour accomplir notre devoir de biographe, nous n’aurons plus qu’à condamner Montluc. Bien plus, nous touchons à l’époque la plus irréprochable, la plus glorieuse même de sa vie. Théâtre de son début dans les armes et de ses premiers succès, ce fut encore l’Italie qui lui offrit l’occasion d’illustrer son nom et sa patrie. Il y fut chargé de divers