Page:Feugère - Les Femmes Poètes au XVIe siècle, 1860.djvu/289

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
265
LE MARÉCHAL DE MONTLUC.

à Dieu jusque-là, « c’était de se trouver à l’assaut d’une place pour y entrer le premier ou mourir. » Il ne mourut pas ; mais il paya sa conquête de quatre blessures, et son bras, notamment, fut brisé en plusieurs endroits. Son obstination seule empêcha qu’il ne le perdît ; car on ne voyait pour lui d’autre moyen de salut que de le lui couper. Mais, à force de se roidir contre la douleur, il le conserva. Ce ne fut pas cependant sans être condamné à un repos trop prolongé pour son impatience ; et, comme il l’a dit, ce dont il souffrait le plus sur son lit de douleur, c’était de la pensée des sièges et des combats où il ne pouvait accompagner ses camarades. À peine put-il porter son bras en écharpe qu’il y revola, et rejoignant Lautrec au siège mis devant Naples en 1528, il ne laissa pas d’y signaler sa présence, quoiqu’il fût loin d’être rétabli. Mais sa captivité antérieure d’une part, jointe à ce mauvais état de santé, de l’autre les revers qui suivirent la mort de Lautrec, amenèrent pour lui un temps d’arrêt forcé qui ne dura pas moins de deux ou trois ans, après lesquels il dut en quelque sorte recommencer sa carrière.

Ses services, sa réputation interrompue, avaient besoin d’être rappelés ou plutôt renoués par une action d’éclat. Montluc, qui n’avait jamais marchandé sa vie, n’eut donc rien de plus pressé que de l’exposer de nouveau. On cherchait un chef pour une entreprise que plusieurs capitaines, et des plus braves, avaient refusée comme trop hasardeuse. Il s’offrit de la conduire, décidé, suivant son langage soldatesque, « à l’exécuter ou à crever. » Contre l’attente générale, il revint victo-