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LE MARÉCHAL DE MONTLUC.

prenne donc d’abord la peine de juger la portée de ceux qu’il conduit ; « car tous ne sont pas propres à toutes choses, » et « qu’il discerne surtout les bons des mauvais. » À l’égard de ces derniers, il juge même que l’on doit procéder d’abord « par remontrances et menaces un peu aigres, » et les avertir, « avant d’en venir aux coups, que, s’ils y retournent, il ne leur faudra plus espérer autre chose que le châtiment. » Mais, en se montrant fermes, que les capitaines se gardent d’abuser de leur autorité ; avec des soldats qui haïssent leurs chefs, la victoire est impossible, et la vie est courte pour qui est entouré de la sorte. N’a-t-il pas « vu mourir quatre capitaines par la main de leurs soldats, les assassinant par derrière, pour les mauvais traitements qu’ils avaient reçus d’eux ? » Et après tout, Montluc ne saurait s’en étonner ; car « ils sont hommes comme nous et non pas bêtes ; si nous sommes gentilshommes, ils sont soldats ; ils ont les armes en main, lesquelles mettent le cœur au ventre à celui qui les porte. » Il est curieux d’entendre Montluc faire l’apologie de cette justice éclairée et même bienveillante.

Mais poursuivons son histoire. À Pavie, en 1525, la fortune lui fut contraire, ainsi qu’à son roi. Comme François Ier, il tomba au pouvoir de l’ennemi ; mais sa réputation fondée de pauvreté lui fut très-profitable, en ce que l’on ne tarda pas à le mettre en liberté, sur ce qu’on jugea « qu’en n’aurait pas de lui grand finance. » Hors des mains de ses ennemis, il ne songea qu’à les faire repentir de l’avoir délivré, et il y réussit en leur emportant une ville. Ce qu’il avait demandé