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LE MARÉCHAL DE MONTLUC.

cement cernent du gentilhomme. Une renommée intacte était à ses yeux le moyen le plus efficace de fortune, et il préserva par ce motif sa réputation de tous les reproches qu’encourt imprudemment la jeunesse, tout se rapportant d’ailleurs chez lui au point de vue militaire bien plus que moral.

S’il ne veut pas, par exemple, « que l’on pipe les cartes ou les dés, » c’est qu’on en serait beaucoup moins propre, selon lui, « à piper son ennemi. » S’il professe, en un mot, une aversion générale pour tous les vices, c’est « qu’il les a vus causer la ruine de plusieurs non-seulement en leur bien, mais en leur honneur et réputation. » De là ces idées d’honneur, patrimoine de notre ancienne noblesse française, qu’il a noblement exprimées : « Voulez-vous enrichir vos enfants de mauvaise renommée ? Oh ! le mauvais héritage que vous leur laissez ! » Au contraire, eu vous comportant avec désintéressement, sagesse et vaillance, vous acquerrez le droit, pour vous et les vôtres, « de lever la tête devant tout le monde. » Enfin, et pour le moins, aurez-vous, ajoute-t-il, la consolation de mourir en gens de bien, ce qui est « la récompense de la guerre et ce que l’on doit désirer. »

Fidèle à ces principes, il pouvait se féliciter, dans un âge avancé, « de n’avoir jamais été en séjour, ainsi toujours prêt au premier son du tabourin, » et cela « parce que les jours de paix lui étaient années. » « Je ne haïssais rien tant que ma maison, » dit-il encore ailleurs. Aussi à peine y était-il rentré, qu’il aspirait à en sortir. Mais son art souverain était de faire passer l’es-