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LE MARÉCHAL DE MONTLUC.

en le mettant à la tête d’une compagnie avec le titre de capitaine. Dans ce commandement, le jeune Montluc continua à mériter les éloges de son général, dont la bienveillance lui fut pour toujours acquise, quoique, suivant son observation, « ce seigneur ne fût guère accoutumé à caresser personne ». Ensuite, sous les ordres de Brissac, lors de la prise de Quiers, après s’être exposé aux plus grands périls, il fit une chute qui lui démit la hanche, et, par suite de cet accident, « il demeura deux mois et demi sans pouvoir bouger de son lit. » Bien plus, il lui en resta un mal de cuisse fort douloureux, dont il ne put se délivrer pendant plusieurs années et qui ne réussit pas cependant à entraver sa vie active.

Le repos était en effet, lui-même il nous l’a dit, et nous l’en croirons sans peine, son ennemi capital, et il avait quelque droit de demander que l’on gravât ce distique sur son tombeau :

Ci-dessous reposent les os
De Montluc qui n’eut onc repos.

En dépit de tous les contre-temps et de ses souffrances, il ne voulut abandonner ni « ce grand guerrier, » le maréchal de Brissac, ni le Piémont, « la plus belle école de guerre » qui fût alors en Europe. Peu après, s’étant enfermé à Casale, ville sans fortifications, il fit face à tous les besoins de la résistance par un mélange heureux de bonté et de rigueur, surtout par une activité sans relâche qui le rendit l’âme de la défense commune, tout en étant, grâce à lui, « une même vo-