Page:Feugère - Les Femmes Poètes au XVIe siècle, 1860.djvu/280

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
256
LE MARÉCHAL DE MONTLUC.

Puy, canton de Valence. Ce fut vers 1503 et au sein d’une famille noble, mais nombreuse, qui était une branche cadette des Montesquiou. Son grand-père, sous l’empire de douloureuses nécessités sans doute (car on sait quelle idée de honte nos sages ancêtres attachaient à la vente des biens qui formaient le patrimoine de la famille), avait aliéné tout son bien, ou plutôt il n’en avait conservé qu’un revenu de huit cents ou mille livres.

Le jeune Montluc, qui était l’aîné de six frères, comprit donc de bonne heure qu’il ne devait attendre que de lui son avenir et sa fortune. À peine sorti d’une enfance qui s’écoula dans le manoir paternel, et fut selon toute apparence assez négligée (lui-même ne nous a pas laissé ignorer que son éducation première avait été à peu près nulle), il devint page dans la maison de Lorraine, et le souvenir reconnaissant qu’il conserva de ce patronage explique les sentiments de dévouement et de haute estime qu’il a professés pour les Guises, en particulier pour le duc François. Au sortir de page il fut pourvu d’une place d’archer sous les ordres de Bayard : c’était entrer dans la carrière des armes sous les meilleurs auspices. On peut seulement regretter dès ce moment qu’en prenant modèle, pour le courage, sur le chevalier sans peur et sans reproche, il ne lui ait pas emprunté quelques-unes de ses vertus civiles.

La renommée des guerres d’Italie ne tarda pas à attirer le jeune Montluc vers ce champ de bataille, alors recherché de tous les esprits aventureux. Il passa