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LE MARÉCHAL DE MONTLUC.

s’éclairer et s’instruire, c’est là ce qui est vraiment utile.

Mâle dans ses vertus comme dans ses vices, Montluc offre en tout cas une face importante du siècle que nous avons entrepris de considérer dans quelques-uns de ses représentants les plus remarquables. C’est un type de l’époque guerroyante où il a vécu, que cet homme de lutte qui, après avoir traversé tant d’épreuves et de dangers, mourut tranquillement dans son lit ; capitaine héroïque devant l’ennemi, mais aussi fanatique implacable, et, comme on l’a dit, croisé pour son Dieu et pour son roi, lorsque les dissidents avaient, par malheur pour la France livrée aux factions, remplacé les infidèles. Opposons donc, pour mieux comprendre ce temps de transformation où les passions du moyen âge n’étaient pas encore éteintes, au protestant d’Aubigné le catholique Montluc, hommes bien dignes d’être rapprochés, malgré l’intervalle assez marqué qui les a séparés l’un de l’autre. Tous deux, fort différents par la croyance, ont du reste bien des points de rapport : mêlés avec activité, avec passion, aux guerres civiles, dont ils ont consigné le souvenir dans leurs ouvrages, tous deux, tempéraments de feu et de fer, en dépit des hasards et des périls journaliers qui ont rempli leur époque et surtout leur existence, ont fourni une longue carrière et l’ont terminée en paix dans leur maison.

Chacun d’eux, à beaucoup d’égards, offre un caractère non pas seulement individuel, mais général, celui d’un pays et d’une période ; en sorte que des biogra-