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HONORÉ D’URFÉ.


L’onde est moins agitée et moins léger le vent,
 Moins volage la flamme,
Moins prompt est le penser que l’on va concevant,
 Que le cœur d’une femme.

Nous avons jugé d’Urfé en partie sur les pièces du procès que nous fournit M. Bonafous. Il ne nous reste qu’à nous résumer sur le rapporteur lui-même. On ne lui contestera pas une étude scrupuleuse de son sujet. Aux qualités essentielles que suppose une saine critique, il joint une érudition peu commune. Non-seulement il connaît à fond nos auteurs de toutes les époques ; il possède encore la littérature des principales contrées de l’Europe, et particulièrement de l’Italie. Mais on regrette chez lui l’absence de quelques-unes de ces qualités qui donnent aux productions de l’esprit de la saillie et du relief, qui leur assignent véritablement un rang à part. En d’autres termes, l’originalité manque trop à son travail, qui, le plus souvent, n’est qu’une simple exposition historique. Le style clair et généralement correct pourrait aussi offrir plus de vie et de concision, parfois plus de distinction et de finesse. Mais, au lieu d’insister sur ces imperfections de la forme, je relèverai de préférence dans ce livre quelques assertions, qui, pour avoir été fréquemment reproduites, n’en sont pas moins des erreurs. Par exemple, je n’aime pas qu’un humaniste distingué répète contre Euripide des imputations dont justice devrait être faite depuis longtemps. À propos de ce peintre éminent des passions, qu’il est convenu d’attaquer sur des points où il serait si aisé de le défendre, M. Bona-