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LES FEMMES POËTES

engagés avec quelque courage dans des pays jusque-là réputés presque déserts ; et de charmantes découvertes ont récompensé nos peines. À travers des espaces vides ou couverts de ronces, nous avons çà et là, et maintes fois, trouvé les plus frais paysages, les plus florissantes cultures : mille beautés inattendues ont surpris nos regards. En somme il n’est point permis maintenant de refuser au siècle de Ronsard, de du Bellay, de Passerai, de Belleau, de des Périers, de tant d’autres, une inspiration réelle, un mérite fécond en progrès et surtout en promesses d’avenir. Mais à côté de la pléiade, dont on ne conteste plus l’éclat, à côté des chefs de cette école hardie et non sans puissance, un groupe dont on ne saurait nier la présence était encore demeuré dans l’ombre, celui des femmes qui, se mêlant au mouvement littéraire et poétique de la renaissance, n’ont pas peu contribué à en développer l’essor. Mon but est de remettre en lumière celles qui ont eu leur part d’action sur l’esprit français, en leur consacrant un souvenir reconnaissant.

Ce qui frappe au premier abord dans cette gracieuse élite, dont j’emprunterai la connaissance non-seulement aux auteurs imprimés du temps, mais parfois à des manuscrits, c’est que tous les rangs y figurent, par un privilège de notre société, où un principe d’égalité existait dès ce moment et s’est depuis maintenu ; je veux parler de l’esprit. La Belle cordière, qui représente la bourgeoisie et le commerce, ou si l’on aime mieux le peuple et l’industrie, ne le cède nullement, pour le charme de l’inspiration et l’attrait de toute sa