Page:Feugère - Les Femmes Poètes au XVIe siècle, 1860.djvu/259

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
235
HONORÉ D’URFÉ.

écrivit dans sa captivité des épîtres et des poésies. Rendu plus complètement à ses goûts par le retour de la paix publique, mais, comme on le remarquera encore plus loin, mal vu de Henri IV, à cause de son passé, il alla résider dans les États du duc de Savoie, pour lequel il porta même les armes en quelques occasions. Il ne laissait pas de visiter parfois ses terres du Forez, où il possédait le comté de Châteauneuf et le marquisat de Valromey ; il venait aussi à Paris et à la cour. Néanmoins ce n’était qu’à d’assez rares intervalles, sa résidence habituelle étant une campagne des environs de Turin. Ce fut dans cette paisible habitation qu’il composa la longue suite de ces fictions qui ont illustré son nom et charmé nos pères. Une chute de cheval, qui se joignit à une santé prématurément affaiblie, le conduisit au tombeau en 1625, lorsqu’il n’avait encore que cinquante-sept ans[1].

Son secrétaire, Baro, eut soin, après sa mort, de faire imprimer la quatrième édition du roman de d’Urfé, et il en publia de plus la cinquième et dernière, sur les mémoires laissés entre ses mains.

Les vertus d’Honoré d’Urfé, ses contemporains l’attestent, n’étaient pas au-dessous de son mérite. Un des épisodes les plus touchants de sa vie est le tableau de la tendre amitié qui l’unit à Charles-Emmanuel de Savoie, duc de Nemours. Il fut son compagnon d’armes et lui demeura fidèle dans la bonne comme

  1. On croit que le corps de cet homme illustre fut transporté en France et enseveli à Boulieu, sépulture ordinaire de la famille d’Urfé, c’est-à-dire sur les bords du Lignon.