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HONORÉ D’URFÉ.

maison, de bonne et ancienne noblesse[1], qui ne s’éteignit qu’à la fin du dix-huitième siècle. Elle compta plusieurs hommes distingués dans les armes comme dans les lettres, et l’on rapporte qu’un membre de cette famille se remaria à cent ans, eut un fils à cet âge, et prolongea sa carrière jusqu’à sa cent seizième année.

Quant à Honoré, il n’était pas destiné, bien loin de là, à une longévité aussi extraordinaire. Né à Marseille, en 1568, il passa, nous dit-il lui-même, ses premières années dans le Forez et sur les bords du Lignon[2]. Sans doute il dut aux impressions de ce séjour heureux cet amour de la nature où il puisa plus tard son inspiration et son talent. Au sortir de l’enfance, placé dans le collège de Tournon, alors très-célèbre et très-fréquenté, il y termina ses études avec succès vers 1584. Ensuite il revint au château de son père, où s’était écoulé son plus jeune âge, chercher les loisirs champêtres dont il était épris ; mais son repos fut bientôt troublé par les guerres civiles, auxquelles il fut forcé de se mêler. La Ligue, très-puissante autour de lui, avait surtout la sympathie de la plupart de ses proches, qui combattaient pour elle. Dans ce parti, où il se trouva ainsi jeté, il se distingua par son courage, comme il déploya aussi son habileté en qualité de négociateur. Deux fois il fut fait prisonnier, et les lettres, qu’il cultivait dans les camps, furent sa consolation ; il

  1. Il est question dans les Lettres de Pasquier, XVIII, 8, « de l’ancienne et illustre maison d’Urfé en Forez. »
  2. Cette rivière sort des monts du Forez et se joint à la Loire au-dessus de Feurs.