conversation et la gaieté : portrait que rien ne nous autorise à croire peu fidèle. Dans la seconde pièce, qu’elle composa, après l’âge de trente-cinq ans, avec un accent plus ferme encore, parce qu’elle répondait aux insinuations de la calomnie, elle s’est rendu ce témoignage :
J’ai le cœur noble et franc, je hais toute feintise,
Je suis inviolable en l’amitié promise ;
Les faibles je respecte à l’égal des puissants…
Je ne sème discord, je ne couve l’envie :
Nul prix ne flétrirait l’équité de ma vie ;
Nulle nécessité n’usurpe le pouvoir
De me faire offenser le proche ou le devoir. Tallemant des Réaux, fort peu louangeur d’habitude, rend effectivement hommage à la noblesse de son caractère, à sa force d’âme et à son humeur reconnaissante : « Car, pour peu qu’on l’eût obligée, elle ne l’oubliait jamais. » Un autre contemporain, Sorel, met fort au-dessus de son savoir ce sa générosité, sa bonté et ses autres vertus, qui n’avaient point leurs pareilles[1]. » L’abbé de Marolles lui a payé aussi, dans ses Mémoires [2], un tribut d’estime, qui montre qu’elle n’a dit sur elle que la vérité, ce Cette bonne fille, que j’ai toujours beaucoup estimée et que je visitais souvent,
- ↑ De la connaissance des bons livres, p. 418.
- ↑ P. 58, à l’année 1023. — Parmi les cantiques dont mademoiselle de Gournay a laissé la version, il en est un, celui de Zacharie, qu’elle nous atteste « avoir traduit en faveur des muses, des mœurs et de la piété de M. de Marolles, abbé de Villeloin : » c’est l’auteur des Mémoires cités.