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MADEMOISELLE DE GOURNAY.

premier rang de ces morceaux, qui lui sont offerts pour resserrer les liens d’une tendre amitié, on remarque un sonnet en l’honneur du père adoptif de mademoiselle de Gournay, expression de sa piété et de son admiration. Il y a ensuite des églogues et des idylles, compositions éphémères qui ont eu leur jour de succès, et où respire une certaine grâce, enfouie sous beaucoup d’affectation. Même dans les tombeaux ou épitaphes en vers, consacrés par mademoiselle de Gournay, selon le goût de son temps, à des membres de sa famille, à de grands seigneurs ou à des célébrités de l’époque, la douleur parle trop généralement un langage apprêté et semé de traits d’esprit.

Mademoiselle de Gournay, dans deux pièces plus importantes pour nous, et qui ont plus de valeur littéraire, nous a donné sur sa personne et son caractère des détails dont nous avons déjà eu occasion de profiter. L’une est adressée à une amie, compagne de ses jeunes années, et avec qui elle s’applaudit d’avoir plusieurs traits de ressemblance :

Paris fut ton berceau qui fut aussi le mien ;


l’autre au président d’Espagnet, et nous l’avons précédemment citée. Dans la première, elle dit qu’elle a la taille moyenne et l’esprit modeste et ouvert, en rapport avec l’air de sa figure :

Nos deux esprits sont ronds, et ronds nos deux visages.


Elle ajoute qu’elle est charitable et qu’elle pratique ses devoirs religieux avec exactitude, tout en aimant la