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MADEMOISELLE DE GOURNAY.

Mon roi, l’honneur des rois, gisait en l’agonie :
La beauté, la jeunesse et la ferme vigueur
Séchaient comme une fleur que la bise a ternie…

Mais un ange apparut, enflammé de lumière :
Le ciel n’a point, dit-il, votre vœu rejeté ;
Dieu rappelle son oint en sa santé première,
Non pour ses grands exploits, mais pour sa piété…


Nous devons encore à ce recueil des renseignements biographiques sur mademoiselle de Gournay et sur sa famille : elle adresse des vers à un de ses oncles, président au grand conseil, à un de ses neveux, président au parlement de Paris, à un autre, évêque de Soissons, tous trois nommés d’Hacqueville. Elle dit, en parlant aux deux premiers, qui furent des magistrats éminents :

Vous luisez ainsi tour à tour,
Père et fils, astres de justice[1].

Sous le nom de Bouquet du Pinde (c’est un bouquet, nous dit l’auteur, assorti de fleurs cueillies sur cette montagne des Muses), d’autres pièces de diverse étendue sont dédiées à la fille unique de Montaigne, Léonor, la sœur d’alliance de mademoiselle de Gournay. Leur étroite liaison, célébrée dès le début du recueil, ne fut interrompue que par la mort prématurée de Léonor, qui en 1626 avait déjà cessé de vivre. Au

  1. Nous avons lieu de croire que ce bon d’Hacqueville, qui fatiguait un peu de son affection et de ses soins madame de Sévigné (les d’Hacqueville, dont elle exprimait par ce pluriel l’ubiquité curieuse et obligeante), était un petit neveu de mademoiselle de Gournay.