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MADEMOISELLE DE GOURNAY.

ques. L’erreur séculaire de l’astrologie, générale sous les Valois et souveraine même à Paris, d’après le témoignage de L’Hôpital[1], commençait à se dissiper aux rayons naissants du grand siècle, bien que Bossuet n’ait pas jugé inutile de s’élever contre elle dans un ouvrage de sa vieillesse, la Politique tirée de l’Écriture sainte[2].

Un troisième ouvrage de mademoiselle de Gournay achève de nous éclairer sur tout ce qui la concerne ; c’est sa propre Vie qu’elle prit soin de rédiger : on a dit précédemment en quelle occasion. Elle-même, dans une lettre au trésorier Thévenin, fait allusion à la mystification dont elle avait été victime : si on avait vu « courir sa Vie par les rues de Paris, c’est que deux hommes qui lui voulaient mal, lui ayant tiré cet opuscule des mains par artifice, l’avaient falsifié à leur mode ; » et elle expose en effet, non sans s’écarter quelque peu du récit de Tallemant, comment on l’avait trompée. C’était donc pour protester contre la fourberie, qu’elle avait publié cette biographie abrégée que l’on trouvera à la fin de la dernière édition de ses Œuvres, Sa seule prétention était de s’y faire bien connaître, en demeurant fidèle à la vérité, pour laquelle elle a toujours professé, nous dit-elle, un religieux respect.

Quoi qu’il en soit, si les railleurs, et non sans quelque raison, comme on vient de l’entrevoir, ne manquè-

  1. Épist., l. III, p. 175 de l’édition d’Amsterdam.
  2. V, 3, 1.