Page:Feugère - Les Femmes Poètes au XVIe siècle, 1860.djvu/176

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
152
MADEMOISELLE DE GOURNAY.

tième merveille du monde ; » elle s’applaudira donc, par ce motif, que « ses écrits, pour être nés à Paris, soient baptisés du nom de Parisiens. »

Le trait raconté par Tallemant et par Ménage fait bien ressortir, en tous cas, cette humeur brusque et impétueuse, ce caractère irritable dont elle s’est accusée elle-même dans des vers où elle peint ses mœurs avec une franchise qui croit n’avoir rien à déguiser :

.....Je suis d’humeur bouillante ;
Je suis impatiente et sujette à courroux.

Ce n’était qu’à grand’peine, dit-elle, qu’elle parvenait à dominer la vivacité de ses impressions et à pardonner les offenses ; mais elle ajoute noblement :

L’injure plus qu’à nul à mon cœur est amère :
J’aimerais mieux pourtant la souffrir que la faire.

Elle revient encore sur ce sujet, dans une Apologie en prose, dont nous aurons à nous occuper plus tard. On y trouvera la trace de quelques travers qui lui furent plus ou moins sérieusement reprochés, mais qui la rendirent surtout justiciable des rieurs. De là d’autres histoires qui ont défrayé les compagnies et les recueils du temps. Sa chatte, digne objet de sa passion, comme elle a pris soin de nous l’apprendre dans ses vers, n’a pas été oubliée[1]. Relevons, à cette occasion,

  1. « Il n’a manqué qu’un Catulle à cette chatte, remarque Bayle, pour la rendre aussi célébre que le moineau de Lesbie. »