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MADEMOISELLE DE GOURNAY.

Les nombreuses éditions des Essais qui se sont succédé jusque aujourd’hui ont très-justement, ce semble, adopté pour modèle celle qui a été publiée par la fille d’alliance de Montaigne. Deux toutefois se sont écartées de son texte, celles de Naigeon et d’Amaury-Duval : on ne s’étonnera donc pas que ce dernier, pour être conséquent, en ait contesté l’exactitude. Avec d’excellents critiques, il n’en faut pas moins croire qu’il est digne de toute confiance, et que ceux qui ont mal à propos prétendu mieux faire méritent d’être condamnés.

Ce fut en 1595 que parut l’édition des Essais, commencée par mademoiselle de Gournay aussitôt après son retour à Paris. Mais à quarante ans de là, en 1635, elle donna de ce travail une réimpression perfectionnée et dont nous croyons devoir parler dès à présent.

Constatons d’abord que, malgré d’imposants suffrages déjà produits en leur faveur, les Essais étaient loin à cette époque d’avoir obtenu cette vogue populaire qui les a fait depuis reproduire tant de fois. L’attachement filial de mademoiselle de Gournay, on ne craindra pas de le dire, n’a certes pas été inutile à la gloire de Montaigne. Pour entreprendre cette nouvelle édition, dont le besoin n’était pas senti généralement, elle dut s’adresser à beaucoup de personnages en crédit, qu’elle sut mettre dans les intérêts de son

    intention de l’auteur, comme elle s’en explique dans un billet qu’elle a collé au dedans du livre, à la couverture. »