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MADEMOISELLE DE GOURNAY

étude sur sa vie et ses ouvrages


On ne saurait nier que, depuis des époques fort reculées, les femmes n’aient en France cultivé les lettres avec succès et rendu de grands services à la langue. Pour le prouver, il suffit de rappeler les noms de Christine de Pisan, de Louise Labé, des deux reines Marguerite ; et cependant, parmi nous plus que chez aucun autre peuple, les hommes, par un sentiment de méfiance et de jalousie, accueillent difficilement la renommée des femmes auteurs. Bien différents des Gaulois et des Germains, nos ancêtres, qui croyaient volontiers que l’inspiration divine résidait dans le sein des femmes, nous ne payons souvent leurs efforts que par la raillerie et le dédain. La personne très-distinguée qui est le sujet de cette étude a pu l’éprouver. Mais si elle n’a pas eu peu à souffrir des préventions de son temps, la postérité, qui est impartiale, ne doit la juger que sur les titres qu’elle a laissés : c’est là du moins ce que nous allons entreprendre.

Les biographes de mademoiselle Le Jars de Gournay