Page:Feugère - Les Femmes Poètes au XVIe siècle, 1860.djvu/141

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
117
MARGUERITE DE NAVARRE

qui finit par supposer que David lui a remis son psautier avec cette recommandation :

Garde-toi bien que jamais tu ne failles,
Tant que le roi aura guerre ou batailles,
Lire en pleurant incessamment ce livre
Jusque qu’il soit de l’ennemi délivre[1].

À son tour François Ier répondait à cet envoi par celui « d’une sainte Catherine[2], pour les étrennes de sa sœur ; » il l’accompagnait de vers qui offrent le même luxe de souvenirs des saintes Écritures, bizarrement accouplés à ceux de l’antiquité profane.

Plus loin Marguerite exprime les vives appréhensions de sa tendresse, au moment où « son roi, son tout, celui qu’elle avait seul devant les yeux, » est prêt à s’exposer aux chances de la guerre. Elle appelle sur sa tête chérie toutes les bénédictions du ciel :

 … Seigneur, ne l’abandonne ;
Frappe pour lui, confonds ses ennemis,
Vu qu’en toi seul tout son espoir est mis.
Montre à chacun que, de ta créature
En connaissant la fragile nature,
Tu n’en demandes autre perfection
Que l’humble cœur aimant sans fiction…

François Ier vient-il à tomber malade, tout entière à la pensée de celui qu’elle n’a pas craint d’appeler le

  1. Aujourd’hui libre, délivré. Délivre, employé aussi comme substantif, était, au propre, la libération d’une personne emprisonnée.
  2. Sans doute les ouvrages de sainte Catherine de Sienne, qui vécut dans le quatorzième siècle.