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MARGUERITE DE NAVARRE


 Du Roi de paradis
Les ennemis du roi sont tous maudits…

À cette époque Catherine de Médicis venait de donner son premier enfant au Dauphin Henri, fils de François Ier, comme l’annoncent ces vers :

Ô fils heureux, joie du jeune père,
Souverain bien de la contente mère,
Fils que chacun Français va bénissant,
Le bien venu tu es…

Des vœux formés pour l’unité de la foi, et qui accompagnent ses espérances, témoignent, dans la pièce qui concerne cette naissance royale, de l’orthodoxie contestée de Marguerite :

Alors sera la foi partout plantée
Et sainte Église saintement augmentée ;
Un seul pasteur et seule bergerie
Sera lors vu en vraie confrérie.

Dans une autre épître qu’elle envoie « à son frère, avec un David pour ses étrennes, » la reine de Navarre, en vue de rendre hommage à la piété de François Ier, rappelle quelles forces et quelles consolations il y a puisées au jour du malheur :

 … Voyez comme en prison,
Iniquement détenu à grand tort,
En son Dieu seul a eu son reconfort,
En remettant à son divin plaisir
Sa liberté, sa santé, son désir.

Les griefs du captif contre le vainqueur de Pavie, Charles-Quint, percent dans les paroles de Marguerite,