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MARGUERITE DE NAVARRE

imitée de Sannazar, l’Histoire des satyres et des nymphes de Diane, se montrent l’étude de l’antiquité classique et l’imitation de l’Italie. Des satyres, feignant d’être éloignés de tout désir coupable, ont entrepris de tromper les compagnes de Diane par leurs faux dehors d’indifférence. Les chants et la musique qu’ils font entendre attirent vers eux les nymphes trop peu défiantes, qui, avant d’avoir songé à se défendre de leur atteinte, sont près de tomber aux mains de ces séducteurs ; mais Diane transforme les jeunes filles en saules pour les sauver. Cette fiction, dont les détails ne manquent pas d’agrément, renferme une leçon facile à saisir et que Marguerite s’est en outre chargée de dégager :


… Je prétends peindre en votre mémoire,
Dames d’honneur, des hommes la malice,
Et leurs regrets, quand par vertu leur vice
Est surmonté ; joint aussi qu’ignorance
Du mal, couvert sous honnête apparence,
Souvent déçoit celles qui n’ont appris
Que prendre peut celui que l’on a pris.


Ailleurs, et très-souvent, se déploie la vive affection de Marguerite pour le roi son frère : l’une de ses épîtres à François Ier atteste surtout ce dévouement bien connu. Dans l’ardeur de son zèle ou plutôt dans son espèce de culte, on ne sera point surpris qu’elle assure au pouvoir royal pour origine et pour sanction la puissance divine, ce qu’elle ne laisse pas de concilier avec les idées d’une humilité toute chrétienne :