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MARGUERITE DE NAVARRE

pos un terme à leurs discours en les forçant à remonter dans leur coche. Nous résumerons le débat par cette juste conclusion : c’est qu’il n’est possible de se prononcer avec une parfaite équité sur la mesure de telles peines qu’à celui « que le ciel, la terre et la mer contemplent et devant lequel ils s’abaissent. » Mais ce n’est pas Dieu qu’il faut, d’après la pensée de l’auteur, reconnaître dans ces paroles ; c’est François Ier, qui

De son Dieu garde et l’honneur et la loi,
À ses sujets, doux, support et justice :
Bref, lui seul est bien digne d’être roi.


À défaut de ce juge, trop élevé et trop parfait pour qu’on ose affronter son arrêt, il est encore une princesse, modèle de vertu et de bonté, dont on pourra invoquer la sentence ; et Marguerite termine par une dédicace conçue en ces termes :


C’est donc à vous, ma cousine et maîtresse,
Que mon labeur et mon honneur j’adresse,
Vous requérant, comme amie parfaite,
Que tous teniez cette œuvre par moi faite
Ainsi que vôtre ; et ainsi en usez
Et la montrez, celez ou excusez[1].


Tous ces débats d’amour, quoi qu’il en soit, ne semblent qu’un écho bien affaibli, une froide contrefaçon

  1. Est-ce à Claude de France, première femme de François {{Ier}, laquelle mourut en 1524 à vingt-cinq ans, que s’adresse cette dédicace ? Cela ne paraît pas être. Est-ce à Éléonore d’Autriche, devenue en 1530 la deuxième femme de son frère ? Le mot de cousine permet d’en douter également.