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MARGUERITE DE NAVARRE

et la morale de cette comédie, où manque également l’action, est résumée dans ce conseil donné par Joseph :

De prendre enfin, contre l’horrible mort
Que chacun craint, cette vie immortelle !

Aux pièces religieuses de Marguerite, il faut, pour continuer l’analyse de son théâtre, en joindre d’autres beaucoup moins sérieuses, et qui reflètent aussi un côté des idées du temps, ces idées romanesques sur l’amour qui n’avaient pas cessé d’être en vogue. Une de ces pièces, récemment mise en lumière[1], est intitulée la Ruelle mal assortie. Ce sont, pour développer le titre et l’expliquer, « des entretiens amoureux d’une dame éloquente avec un cavalier gascon plus beau de corps que d’esprit, et qui a autant d’ignorance qu’elle a de savoir. » Un autre de ces petits drames, dont la contexture est tout à fait élémentaire et qui ne sont que des dialogues animés, offre les personnages suivants : « deux filles, deux mariées, la vieille, le vieillard, les quatre hommes. » La première des mariées nous met en peu de mots au fait de la situation délicate où elle se trouve :

J’ai un mari indigne d’être aimé ;
Je l’aime autant que Dieu me le commande.
Un serviteur, d’autre part estimé,
Sans fin me cherche et ma grâce demande.

Elle ne nous laisse pas ignorer ses motifs d’être mécontente de son époux :

  1. Par M. Ludovic Lalanne, dans le Trésor des pièces rares ou inédites.