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MARGUERITE DE NAVARRE

une étable. Dieu le père et les anges apparaissent à sa naissance. Viennent ensuite des bergers et des bergères pour l’adorer. Satan gémit en voyant le genre humain lui échapper, et les plaintes qu’il exhale sur sa défaite terminent la pièce.

De l’honnêteté et de la douceur dans les sentiments, une transcription fidèle des livres saints, une candeur ingénue dans les détails et les paroles, voilà les caractères généraux de cette composition et des suivantes, dont on peut juger le ton par ce mot de l’une des bergères qui accourent autour de Marie :


De bon cœur servirons la mère ;
Je crois qu’elle est belle commère.


Mais, à côté de ces vulgarités plaisantes, quelques passages ne sont pas dénués d’un certain charme : celui-ci, par exemple, où les bergers et les bergères rivalisent d’ardeur à honorer par leurs offrandes le Sauveur et sa mère :

 DOROTHÉE.

Je lui porterai mon fromage
Dans cette vaisselle de jon[1].

 CRISTILLA.

Et moi, ce grand pot de laitage :
Marie le trouvera bon.

 PHILETINE.

Je lui donn’rai ma belle cage
Où est mon petit oisillon.

  1. De jonc, c’est-à-dire dans ce panier.