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IV

Œuvres de Marguerite de Navarre. — Conclusion.


Arrière-petite-fille de l’Italienne Valentine de Milan et petite-fille du poëte Charles d’Orléans, cette Marguerite, née en 1492, posséda l’esprit gracieux de Marguerite de Valois et ses avantages extérieurs, en demeurant beaucoup plus irréprochable dans sa conduite. Douée à la fois des qualités les plus séduisantes et des vertus les plus solides, elle avait, suivant le langage du bibliographe du Verdier, « en un corps féminin un cœur héroïque et viril. » D’une piété sincère, mais, par un progrès sur son temps, éprise des idées de modération et de tolérance, elle mérita de plus que son nom ne fût pas moins cher à la philosophie qu’aux lettres.

Nous ne jetterons qu’un coup d’œil sur ses ouvrages en prose : ce sont les Nouvelles désignées par le nom d’Heptaméron, qui parurent dix ans après sa mort, en 1559, et ses Lettres, que la curiosité de notre temps a mises au jour[1]. Ces dernières ne manquent ni d’intérêt

  1. C’est une des publications faites par la société de l’histoire de France : leur éditeur a été M. Génin (1841). — Mentionnons encore de Marguerite une autre œuvre en prose et intitulée : Brève doctrine pour dûment écrire selon la propriété du langage français ; curieux symptôme du goût de rénovation et de progrès particulier à cette époque. Ce morceau n’a d’ailleurs rien d’ambitieux pour les idées, et ne renferme même que de pures observations grammaticales.