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VIII
NOTICE SUR LA VIE DE L. J. FEUGÈRE.

tait écoulée entre l’agrégation et le mariage avait été remplie par des travaux restés pour la plupart manuscrits. On a trouvé dans ses papiers des études sur les langues anciennes et modernes, notamment sur la langue allemande, une foule d’ébauches, de projets d’ouvrages, des vers français et jusqu’au brouillon d’une comédie. Nous avons sous les yeux quelques-unes de ces poésies de jeunesse : il est curieux d’y retrouver la trace de certaines impressions personnelles, ainsi que celle des idées courantes en politique et en littérature. La première en date est intitulée Souvenirs et Regrets ; l’auteur y déplore la fin prématurée d’une jeune fille morte à la fleur de l’âge. À travers l’inexpérience de la forme et l’imitation mal déguisée de Millevoye et d’André Chénier, un sentiment vrai domine dans ces vers, et nous les fait préférer à ceux qui suivent dans l’ordre des dates : les Adieux de Jeanne d’Arc, la Mort de Bailly, etc. Une pièce sur la mort du fils de Napoléon, qui fut insérée alors dans le Constitutionnel, porte l’empreinte d’une vivacité de sentiments et d’expressions assez rare chez l’auteur.

En voici la dernière strophe :

Si d’un soleil plus beau la chaleur salutaire
Eût mûri son jeune âge en sa fleur moissonné,
Peut-être on l’aurait vu, dans les champs de la guerre,