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MARGUERITE DE VALOIS


 Les pleurs sur la tombe épandus
 Et les cris de tous entendus
 Témoignent si ma plainte est feinte ;
Et les plaisirs qui sont si chèrement vendus
Font que tous mes plaisirs me donnent de la crainte.

 Aux tristes accents de ma voix
 Tes amis pleurent quelquefois ;
 Mais c’est quand j’attire leurs larmes :
Je suis seule qui rends l’amour au même poids,
Et qui, pour bien aimer, me fais quitter les armes.

 Pour me donner allégement
 Mes yeux vont cherchant vainement
 Quelque chose qui te ressemble :
Ils en trouvent les traits, mais c’est figurément ;
Car le ciel ne joint plus tant de beautés ensemble.


Malgré ces vers, la longue liste des amants de Marguerite n’était pas finie ; sans entreprendre de la compléter, contentons-nous de recueillir, dans cette cour trop relâchée, les traces et les monuments de l’esprit ingénieux qui y régnait. Nous le répétons, presque tous les membres de la famille des Valois, princes ou princesses indifféremment, tournaient des vers avec bonheur. On en a retenu de Charles IX, qui sont des meilleurs de ce temps. À son fougueux amour de la chasse il mêlait le goût éclairé des arts et de la poésie, apanage de cette race demi-florentine. Il a tenu même à peu de chose que l’Académie française, cette institution éminemment nationale dont s’honore le règne de Louis XIII, ne remontât jusqu’au triste héros de la Saint-Barthélémy. Au moins a-t-il été auteur d’une