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MARIE STUART

justement aimé, en assurant, par les qualités d’une grande et sage princesse, la prospérité des peuples confiés à ses soins. Gouvernante des Pays-Bas, elle mérita particulièrement la reconnaissance de cette contrée, où son administration, qui y développa toutes les sources de la fortune publique, a laissé d’excellents souvenirs.

Comme Marguerite d’Autriche, Marie Stuart, quoique née en pays étranger, fut Française par sa mère autant que par les mœurs et la langue : elle nous touche même de plus près, puisqu’elle s’est assise sur le trône de France. Nous n’avons ici ni à discuter sa vie ni à raconter ses malheurs, fruits de sa fatale beauté vantée de tous ses contemporains, mais que sa résignation héroïque a rendus si dignes de compassion. Qu’il nous suffise, en rappelant quelques détails qui se lient à son éducation, de montrer quel fut son rôle ou plutôt son influence littéraire, et par les poésies qu’on lui attribue et par celles qu’elle a inspirées autour d’elle.

Fille unique du roi d’Écosse, Jacques V, elle perdit son père huit jours après sa naissance, en 1542 ; et à peu d’années de là sa mère, Marie de Guise, l’envoya en France, où elle fut élevée avec ce soin et ce goût d’érudition classique qui étaient alors en honneur. Marie Stuart, douée d’une intelligence précoce, saisit plutôt qu’elle ne reçut les leçons de ses maîtres, et, à l’âge où l’on ne songe qu’à être belle, elle se fît un jeu de devenir savante. La Croix du Maine rapporte qu’en présence de Henri II, entouré de sa cour, on la vit,