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CARACTÈRES ET PORTRAITS.

beaux-fils, François, et ensuite Robert, premier de ce nom, lui prêtèrent un concours dévoué. Celui-ci, le plus renommé de sa race après notre Henri, qui fut son fils, ne tarda même pas à devenir le propriétaire ou du moins le chef de cette imprimerie, à la tête de laquelle il était en 1526.

Lors de la mort de son père, Robert, âgé d’environ dix-huit ans, avait déjà pu, sous ses yeux, se former à l’exercice de l’art où il acquit tant de gloire. Ses premières études, activement surveillées, avaient été sérieuses et fortes : le commerce des hommes de savoir et de mérite qui fréquentaient l’imprimerie paternelle acheva son éducation. Dès 1523 la correction sévère d’un Nouveau Testament latin était le fruit de son intelligente révision. Malheureusement aussi, quelques leçons changées dans le texte avec une confiance excessive éveillaient contre lui, à partir de ce moment, d’ombrageuses susceptibilités, qu’il ne devait pas calmer par la suite.

Quoi qu’il en soit, à peine maître d’une imprimerie accréditée, Robert, se livrant à son goût du progrès, ajouta aux perfectionnements qu’elle avait auparavant reçus. Il délaissa les anciens poinçons et en fit graver d’une forme beaucoup plus élégante. L’olivier fut conservé par lui comme enseigne et comme marque typographique. Sauval, qui écrivait plus de cent ans après, atteste que de son temps encore cet emblème, qui n’a pas obtenu moins de célébrité que l’ancre aldine, subsistait dans la rue de Beauvais, entouré de la vénération publique. Quant à la devise, il en choisit une