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CARACTÈRES ET PORTRAITS.

tiennent à la liturgie et à la controverse, ou roulent sur des matières de piété. Parmi eux figurent aussi quelques parties de Xénophon, d’Hippocrate et de Galien, publiés dans des versions latines ; en outre deux premières éditions, l’une de Celse, l’autre de l’itinéraire faussement attribué à Antonin. On remarque les noms de Politien, de Sabellic, d’Érasme et du fécond docteur Clicthoue en tête des livres modernes. Il n’y en a qu’un en langue française, celui du chanoine de Bovelles « sur l’art et la science de Géométrie pratique. » Nous devons à M. Renouard une liste exacte de tous ces volumes. Un intérêt de ce catalogue et d’autres semblables, c’est qu’ils conservent la trace des études, des tendances et des prédilections de nos pères : en replaçant sous nos yeux bien des œuvres tombées dans l’oubli, mais qui ont eu leur part de faveur publique et leur moment de renommée, ils nous rendent une image fidèle de l’état des mœurs et des esprits dans notre ancienne société.

Plus de cent vingt ouvrages publiés, tel fut le produit de près de vingt années de travaux, remarquable pour cette époque, où l’Italie possédait encore presque entièrement le monopole des œuvres littéraires et suffisait à défrayer les besoins du monde savant. Henri Estienne Ier, qui s’honorait du nom de suppôt de l’Université et qui en prenait volontiers les armes sur le frontispice de ses livres[1], choisit pour siége de son

  1. C’était un écu chargé de trois fleurs de lis avec une main sortant d’un nuage et tenant un livre fermé.