philosophie ; ce Cagliostro allemand, qui veut maintenant éblouir son pays par les noms de MM. Twesten, Néauder et Savigny[1], dont il a obtenu les signatures comme autant de preuves scientifiques en faveur de la vérité de son nouveau système… Écoute-moi, Allemagne : tu te souviens sans doute de ton moine de l’ordre des Augustins ? Tu sais qu’une vérité n’a pas l’habitude de naître décorée de croix d’or et de rubans bariolés, ni dans le palais des rois et entourée des fanfares et de l’encens de la cour, mais qu’elle naît toujours au milieu des larmes et des tourments. Ce ne sont jamais les haut placés, ce sont toujours les rangs du peuple, les basses couches de la société, qui se sentent touchées par la vague régénératrice du développement du genre humain. Tu le sais, pauvre Allemagne !
Bruckberg en Bavière, 1842, 1er avril.
Ma philosophie de la religion n’est point une explication de la
philosophie hégelienne, elle lui est plutôt directement opposée. Ce
qui dans la philosophie hégelienne a une signification secondaire,
subjective, formelle, tout cela a dans la mienne une signification
primaire, objective, essentielle. Ainsi par exemple Hegel appelle
forme la sensation, le sentiment, le cœur ; une forme que doit revêtir le noyau, la religion qu’il fait venir d’ailleurs ; ce n’est que
de la sorte, dit-il, que la religion, devient accessible à l’homme ;
moi, au contraire, je dis que l’objet, le noyau, le contenu du sentiment religieux n’est point autre chose que l’essence de l’âme ou
du cœur. Cette différence est on ne peut plus essentielle. De là vient
que la méthode dont Hegel polémise contre Schleiermacher ce
dernier théologien du christianisme, diffère de la mienne. Hegel
- ↑ Tous appartenant au parti le plus réactionnaire, dans la philosophie comme dans la poilitique, à l’Université de Berlin. (Le traducteur))