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RÉPONSE À UN THÉOLOGIEN

ligieux dont font foi certains professeurs de zoologie, botanique et géologie, n’est point quelque chose de spécialement chrétien. — Dans mon explication de la Sainte-Cène, M. Muller trouve beaucoup de perfidie, dit-il ; mais qu’il me permette de lui rendre ce reproche qu’il mérite largement parce qu’il m’oppose savamment une citation qui se trouve déjà sous mon texte : tantum abest, etc., passage fort connu de Cléricus (Commentaire de L’A. T.) ; M. Muller oublie ce que j’ai répété à plusieurs reprises dans mon livre : le mosaïsme dans l’époque païenne signifie ce que le christianisme signifie plus tard, et se trouve en opposition directe avec le paganisme esthétique et idolâtre : le mosaïsme de cette époque antérieure au christianisme est essentiellement égoïste et théologique. Tout ce que M. Muller dit contre ma thèse de la tendance anti-cosmique, anti-mondaine, contre nature et surnaturelle du christianisme, ne la renverse point, et il aurait mieux fait de relever la seule contradiction qui existe dans mon livre c’est de n’avoir développé que l’accord de cette tendance primitive avec l’essence du christianisme sans avoir fait ressortir aussi le côté du désaccord. Il est constaté que l’essence de la religion, l’essence de Dieu, se compose de deux abstractions, qui sont l’être abstraitement idéalisé du monde ou de la nature, et l’être abstraitement idéalisé de l’homme, par conséquent le développement du christianisme se fera en ce que l’essence de la religion, opposée d’abord à l’homme, se réalise peu à peu, se mettant d’accord avec l’essence de l’homme voilà pourquoi mon livre a la particularité de voir affirmées les vérités qu’il contient par les attaques théologiques mêmes. Car enfin, quel reproche fait la théologie à mon interprétation dialectique ? Est-ce pour avoir prouvé que l’essence de Dieu est l’essence de l’homme ? Non, ce n’est point là le motif, car la théologie est depuis longtemps devenue de la christologie, et la christologie n’est point autre chose que de l’anthropologie religieusement révélée c’est la doctrine de l’homme encadrée dans la doctrine de Dieu. Le motif des attaques théologiques contre mon ouvrage est plutôt dans mon argumentation sur la signification primitive de telle ou telle manifestation chrétienne par exemple, je dis du célibat (volontaire et spontané, bien entendu) qui naît d’un amour enthousiaste et mystique de Dieu, qu’il est parfaitement en harmonie avec l’essence de la religion chrétienne. Là-dessus nos chrétiens modernes crient