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RÉPONSE
À UN THÉOLOGIEN.

— LOUIS FEUERBACH (1842) —




M. J. Muller vient de publier une Réfutation dans les Études et Critiques théologiques (Hambourg, 1842, 1er  cahier). Cet écrivain a critiqué mon Essence du Christianisme, du point de vue théologique ; il l’a lue en bon théologien, sans réfléchir, et comme s’il eût rêvé ; jamais les théologiens ne pourront faire autrement. Il doit, en effet, repousser ce que j’appelle évidence, démonstration, vérité, nécessité logique, il doit qualifier tout ceci d’hypothèse, de fiction, de charlatanisme dialectique. Il doit se détourner de ce qu’il y a d’essentiel, en appuyant avec beaucoup de bruit sur des choses secondaires ; il doit même me reprocher assez impertinemment mon ignorance, mon immoralité, mon matérialisme. En agissant ainsi, ce théologien reste parfaitement dans son rôle, et je ne m’étonne point quand il me donne les beaux titres de blasphémateur, ou d’homme astucieux et frivole. Je vais répondre, non à M. J. Muller (ce serait très superflu), mais à la théologie en général.

Et d’abord, il me reproche de développer dans ma préface une philosophie subjective qui manque d’objet. J’avais dit : « Les objets réels, étant objets à l’homme, sont précisément à cause de cela des manifestations de l’être humain. » D’où M. J. Muller s’empresse