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XLI
PRÉFACE

différence, de cette universelle apathie, de ce quiétisme fadasse qui en sont les conséquences inévitables, et que M. Renan ne contribue guère moins à répandre que le père Enfantin et ses confrères. Voilà ce que Feuerbach s’est proposé d’étudier pour lui faire mieux la guerre, et sur quoi il a laissé peu de chose à dire. Faites, si cela vous plaît, l’histoire du christianisme depuis son fondateur jusqu’à nos jours, mais ne parlez pas contre ceux qui ont proclamé d’avance les conclusions que vous tirerez de ce long travail, conclusions que vous n’aurez jamais peut-être le courage d’exprimer vous-même.

Si je me suis attaché à faire ressortir le peu de valeur des critiques de M. Renan avec une certaine animosité, c’est qu’aux hommes comme lui la vérité ne doit pas être épargnée, parce qu’ils ont charge d’âmes et que rien n’afflige plus que de voir les meilleures intelligences encourager par leur exemple les esprits inférieurs à prononcer des jugements prématurés sans autre base que la sympathie ou l’antipathie que leur inspirent les gens d’un autre tempérament que le leur. En critiquant chez lui cette manière d’être, qui repousse tout ce qui ne lui ressemble pas, cette fin de non-recevoir inadmissible dans un procès pendant depuis des siècles, je m’adressais à toute une classe d’hommes qui ne ferme les yeux à la vérité qu’à cause de la source d’où elle vient. Comme Feuerbach a répondu lui-même à toutes les objections qu’on a pu élever contre son œuvre, je n’avais pas à me charger du soin de le défendre ;