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NOTES

sent trop les sciences : Descartes. » Dans les premiers temps, et ce n’est que par eux que l’on peut connaître ce qui est purement catholique et ce qui ne l’est pas ; lorsque l’Église n’était pas encore devenue mondaine, on n’étudiait rien sans avoir en vue un intérêt théologique. « On s’occupait, par exemple, de la prosodie à cause des différentes sortes de vers que l’on trouvait dans les psaumes : de la dialectique en vue des discussions contre l’hérésie ; de l’arithmétique pour les secrets contenus dans les nombres, et pour les différents nombres et mesures qui se rencontrent dans l’Écriture sainte ; de la géométrie à cause des cercles dont il est parlé dans les descriptions de l’arche de Noé et du temple de Salomon ; de l’astronomie pour le calcul des temps ecclésiastiques ; de la musique à cause de la dignité et de la pompe qu’elle prêtait au service divin. » (Eichhorn. Histoire générale de la civilisation et de la littérature européennes.) Complètement d’accord avec cet esprit était l’habitude de gratter les vieux parchemins pour y écrire des livres de piété, habitude qui a causé des pertes irréparables dans la littérature classique. Bruno trouva en 1772 dans la bibliothèque du Vatican une grande partie de Tite-Live et des discours de Cicéron grattés et effacés et à leur place le livre de Tobie. Si de pareils faits, que l’on pourrait d’ailleurs citer par centaines, démontrent la faible idée que le catholicisme a de la valeur de la science, son opposition avec elle éclate surtout, comme nous l’avons dit, dans sa croyance au miracle. La puissance miraculeuse appartient non-seulement à Dieu, mais encore aux saints. Chaque cloître mettait les miracles de ses fondateurs au niveau et même au-dessus de ceux du Christ. À propos de la biographie de saint François Xavier, Bayle fait la précieuse réflexion qui suit : « On ne vit jamais plus de miracles que l’on en voit dans ce livre. On ne saurait faire un pas sans y en trouver, et l’on demanderait volontiers qui des deux doit passer pour le miracle, ou l’interruption, ou le cours