Page:Feuerbach - La Religion,1864.pdf/362

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

NOTES



(1) Les sages parmi les païens avaient parfaitement conscience de l’opposition qui existe entre l’intelligence et les passions, entre la pensée et l’acte ou la volonté, entre l’esprit et la chair. (V. Arist., Éthic. ad Nicom., liv. 7, ch. 3, — et Bayle, Dictionn., art. Ovide, R. H.) On trouve même chez eux le mot chair, caro, σαρξ, employé par opposition à esprit, animus, et signifiant, non pas le corps lui-même, mais l’ensemble des désirs sensuels. — Non est summa felicitatis nostræ in carne ponenda. (Seneca, Epist. 74. — Arrian, Epictet., liv. 2, ch. 23.) Mais cette opposition n’était pas chez eux, comme chez les saints du christianisme, surnaturelle et fantastique. Ils connaissaient aussi parfaitement la puissance du péché et son universalité. — Peccavimus omnes. — Omnes mali sumus. — Quis est qui se profitetur omnibus legibus innocentem ? Ut hoc ita sit, quam angusta innocentia est, ad legem bonum esse ? — Nemo, inquam, invenitur qui se possit absolvere ; et innocentem quisque se dicit, respiciens testem, non conscientiam. (Seneca, De Ira, lib. 3, 26 ; lib. 2, 27 ; lib. 1, 14.) Ils savaient que le mal est en nous-mêmes (Intra nos, in visceribus ipsis sedet. Et ideo difficulter ad sanitatem pervenimus, quia nos ægrotare nescimus.— Id., Epist. 50) ; que l’homme le meilleur, le plus sage est encore infiniment