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dans l’enfer (dans le tombeau) pourra te remercier ? » (Ps. VI, 6.) — « Cesse d’appesantir ta main sur moi, afin que je puisse me relever et me réjouir avant que je ne parte et que je ne sois plus ici (d’après les théologiens : avant que je ne sois plus). » (Ps. XXXIX, 14.) — „ Qui louera le Très-Haut dans l’enfer ? car les vivants seuls peuvent louer : les morts ne le peuvent point parce qu’ils ne sont plus.” (Sirach, XVII, 25, 27.) — Ils avaient néanmoins un empire des âmes, un empire peuplé d’ombres, sans force et sans activité, ce qui prouve que l’idée d’une existence de l’homme après la mort, — comme ombre ou comme image, — n’a rien de commun avec la croyance à l’immortalité. On ne peut attribuer aux Chinois aucune croyance réelle à la vie future. „Ce qu’ils espèrent de mieux après la mort, c’est d’être honorés par le souvenir reconnaissant de la postérité, et cependant ils célèbrent la mémoire de leurs aïeux par des cérémonies telles que l’on croirait ces aïeux vivants.” Les habitants de Madagascar croient qu’après la mort les hommes deviennent des esprits méchants, qui leur apparaissent en songe et viennent s’entretenir avec eux ; ils regardent donc leurs rêves comme quelque chose de réel, ajoute ici l’écrivain rationaliste[1], sans remarquer les conséquences véritables qu’il devrait en tirer ; « ils croient fermement que ce sont les morts eux-mêmes qui reviennent et qui leur parlent ; » et cela peut se dire également de tous les autres peuples. Les habitants de Guayra, dans le Paraguay, se figurent que l’âme, en se séparant du

  1. Bastholm, Historische Nachrichten zur Kenntniss des menschen in seinem wilden und rohen Zustande.