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MORT ET IMMORTALITÉ


Ire PARTIE

CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES

Aussi vrai et aussi sûr que l’être infini est infini et éternel, aussi vrai et aussi sûr est-il que tout ce qui dans son être est déterminé et borné l’est aussi dans son existence, et que, par conséquent, une personne particulière ne vit qu’un temps borné et déterminé. Reconnais-tu que tu es un être borné, et non l’être en général, eh bien ! tu dois reconnaître aussi que tu es aujourd’hui, et non en tout temps. Tu dis : moi, cet individu, je veux être immortel ; mais tu n’es individu qu’en tant que différent des autres, et tu ne peux faire abstraction de cette différence. Elle est la borne de ton être, et elle ne peut être enlevée sans que tu cesses toi-même d’exister, pas plus qu’on ne peut enlever à un oiseau particulier la différence par laquelle il se distingue des autres, sans le détruire lui-même. Or toute détermination, toute distinction n’a son fondement que dans cette vie réelle, et n’est réelle et possible que dans les conditions d’ici-bas. Ce n’est donc