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LA RELIGION

au seizième siècle, dans les châteaux des chevaliers, dans les palais des rois, dans les bibliothèques des savants, sur chaque feuille de la Bible, dans les églises, dans les chambres des juristes, dans les laboratoires des médecins et des naturalistes, dans la grange, l’écurie et l’étable, en tout et partout était le diable ; lorsque le tonnerre, la grêle, l’incendie, la sécheresse la peste étaient attribués au diable et aux sorciers, alors le Dieu arbitre de l’univers et du destin de l’homme n’était en réalité que le — Diable, — mais ce diable de l’humanité n’était pas autre chose que la croyance de la chrétienté au diable. Là où, comme dans les temps de barbarie et aujourd’hui encore chez les peuples sauvages, la force est regardée comme un droit, l’homme à cause de sa supériorité physique comme maître absolu de la femme, la femme comme son esclave, sa bête de somme, comme une marchandise qu’il vend pour une bouteille d’huile de baleine, ainsi que l’habitant d’Oualasckka, ou qu’il offre à un moindre prix encore, même gratuitement, par pure complaisance comme une pipe de tabac à l’hôte qui vient le visiter, là aucun regard d’amour ne veille sur la femme pour la protéger, là son sort est décidé inexorablement par la puissance physique, par la force brutale. Et là où le meurtre des enfants est regardé comme un sacrifice religieux, ou du moins, sous quelque prétexte que ce soit, est devenu dans certains cas une coutume ; là où les nouveau-nés du sexe féminin sont enterrés vivants comme chez les Guanas dans le Paraguay, ou exposés à la faim et aux bêtes féroces, comme chez les Madécasses, quand ils sont nés dans des mois ou des jours réputés malheureux ; là où on