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nature, dans ce cas, elle paraît à la fin du développement du monde physique, quand les conditions de son existence sont réunies, comme le but final de la création. Fait-on de l’homme au contraire une personne abstraite, comme le fait la spéculation religieuse, alors il n’y a plus de détours possibles, il ne s’agit en ligne droite que de l’affirmation, de la dernière garantie de la personnalité humaine. On a beau faire toute espèce de distinctions entre cette personnalité et celle de Dieu pour dissimuler leur ressemblance, toutes ces distinctions ne sont que des fantaisies ou des sophismes. Spéculez tant que vous voudrez, vous ne ferez jamais sortir de Dieu votre personnalité, si vous ne commencez pas d’abord par l’y mettre.



XII

SIGNIFICATION DE LA CRÉATION DANS LE JUDAÏSME

La doctrine de la création a son origine dans le judaïsme ; elle est même la doctrine caractéristique, fondamentale de la religion juive. Le principe qui lui sert de base n’est pas tant le principe de la subjectivité que celui de l’égoïsme. Dans son sens caractéristique cette doctrine se produit au moment où l’homme fait de la nature l’esclave de sa volonté et de ses besoins, là où, par conséquent, il l’abaisse dans son imagination au rang d’œuvre faite, de produit de la volonté. Cette