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ments les plus simples. Un Dieu être simple et sans distinction en lui-même ne peut être pensé, car la distinction, la différence est un principe essentiel de la pensée. Si donc je place la différence en Dieu, je ne fais que donner un fondement, une expression au principe de différence, je ne fais qu’en proclamer la vérité et la nécessité.



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LE MYSTÈRE DU MYSTICISME OU DE LA NATURE EN DIEU

Une doctrine qui fournit une matière intéressante pour la critique des fantaisies cosmo-et théogoniques, c’est celle de l’éternité de la nature en Dieu empruntée à Jacob Bœhm et renouvelée par Schelling.

Dieu est esprit pur, conscience lumineuse, personnalité morale. La nature, au contraire, du moins dans certaines parties, est sombre, désordonnée, immorale, ou bien, si l’on veut, sans moralité. Mais c’est une contradiction que l’impureté puisse provenir de la pureté, le désordre de l’ordre, l’obscurité de la lumière. Comment pourrons-nous donc faire dériver de Dieu ce qui dément ouvertement une origine divine ? Il n’y a qu’un moyen, c’est de placer en Dieu ce côté sombre et impur, c’est de distinguer en lui un principe de la lumière et des ténèbres. En d’autres termes, nous ne pouvons nous représenter l’origine des ténèbres qu’en