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tère. Tout homme doit se faire un dieu, c’est-à-dire un but final de ses actes. Qui a un but a une loi au-dessus de lui ; il ne se conduit pas seulement lui-même, il est aussi conduit. Qui n’a pas de but n’a ni sanctuaire ni patrie : aucun malheur plus grand ne peut lui arriver. Le but impose des limites, mais ces limites instruisent et dirigent la vertu. Quiconque a un but, un but véritable, a par cela même une religion, sinon dans le sens borné de la plèbe théologique, du moins, et c’est là l’important, dans le sens de la raison, dans le sens de la vérité.



VII

LE MYSTÈRE DE LA TRINITÉ ET DE LA MÈRE DE DIEU

Si l’homme être sensible et sujet à souffrir ne se trouve pas satisfait par un Dieu sans sentiment et sans passion, il ne peut pas non plus se contenter d’un Dieu qui n’est que sentiment, qui n’a ni intelligence ni volonté. Seul, un être qui exprime l’homme tout entier est capable de donner à l’homme pleine et entière satisfaction. Cette conscience de l’homme complet se réalise dans la Trinité. Tous les attributs que nous avons jusqu’ici considérés séparément, la Trinité les réunit dans un seul être déterminé. Toutes les images par lesquelles on a cherché à rendre ce mystère à peu près intelligible, telles qu’esprit, intelligence, mémoire,